Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Et la guerre contre Al Shabab en Somalie n’échappe pas à cette règle vielle comme le monde. L’objectif initial poursuivi par les puissances et les organisations internationales qui financent la guerre en Somalie, d’une part, et par les pays africains qui ont envoyé leurs troupes combattre cette organisation islamiste d’autre part, l’objectif primordial de tous ces partenaires était de restaurer la paix et la stabilité en Somalie. Car ce pays de la corne d’Afrique est ravagé par une guerre civile interminable commencée le 26 janvier 1991 après la destitution du Président Siyaad Barre par des rebelles. Depuis plusieurs années, la Somalie a éclaté en trois entités régionales, Somaliland et Puntland au Nord et Somalia au Sud où se trouve la capitale Mogadishu.
Par Athanase Karayenga
A présent, des pays puissants (USA, Russie, Grande Bretagne, Italie), des organisations internationales ou régionales (Nations Unies, Union Européenne, Union Africaine) et plusieurs pays africains (Burundi, Djibouti, Ethiopie, Kenya, Ouganda) sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans cette guerre. En réalité, ils sont pris dans le piège d’un conflit dont les enjeux ont dépassé la simple restauration de la paix et de la stabilité en Somalie. La libre navigation des navires de transport de marchandises, la protection des routes du pétrole provenant du Moyen Orient et passant par l’Océan Indien et enfin la lutte contre la piraterie maritime sont devenues les véritables enjeux stratégiques internationaux de cette guerre.
De ce fait, des sommes colossales sont investies dans cette guerre de Somalie devenue, en quelque sorte, l’Afghanistan de l’Afrique. Ces montagnes de dollars attisent évidemment la convoitise des uns et la cupidité des autres. Ainsi, plusieurs pays, dont le Burundi, profitent de cette guerre comme d’une corne d’abondance pour gagner beaucoup, beaucoup d’argent.
Et pas forcément de manière très honnête. A titre d’exemple, au Burundi et ce depuis plusieurs années, un cartel de chefs politiques et militaires a fait main basse sur les ressources fournies par l’AMISOM et se gave avec délectation et gloutonnerie des montants considérables d’argent gagnées sur le dos des contribuables des pays qui financent la guerre en Somalie, à savoir les Etats-Unis et l’Union Européenne.
Le magot de l’AMISOM
Le Burundi fait partie des pays africains dont le contingent lutte sur le terrain en Somalie. De ce fait et selon une dépêche de l’AFP du 23 décembre 2018 citant un responsable de l’Union Africaine, le pays récolte, tous les trois mois, une rondelette somme de 18 millions de dollars. Ce montant comprend les ponctions effectuées sur les soldes des militaires du contingent burundais mais aussi les frais de location du matériel militaire par le Burundi à l’Union Africaine. Les autres pays africains engagés dans la guerre en Somalie perçoivent aussi de coquettes sommes de dollars calculées en fonction du nombre des militaires de leurs contingents et de l’importance du matériel de guerre qu’ils louent à l’Union Africaine, les fameux « Country Own Equipment ».
Et quand l’Union Africaine a annoncé une réduction de 1.000 soldats du contingent burundais qui devraient être rapatriés le 28 février 2019, le sang du commandement de l’armée burundaise n’a fait qu’un tour. L’Etat-major des armées s’est rebiffé et a protesté vigoureusement contre cette mesure qu’il a qualifiée d’unilatérale et d’injuste. Cette décision a été officialisée et explicitée dans un dossier nommé « Interoffice Memorandum », daté du 18 Janvier 2019 et dont l’objet est formulé comme suit : « LISTE OF 1000 TROOPS OF BNDF CONTINGENT FOR DRAWDOWN ». Ce document qui porte le numéro AMISOM/11BDI CONT 055/01.22.0 a fuité très rapidement et a été immédiatement partagé sur les réseaux sociaux. Preuve d’un poreuse protection de documents confidentiels militaires burundais !
Aussitôt, le porte-parole de l’armée a d’abord publié un communiqué indiquant que le Burundi contestait cette décision. Ensuite, le Chef de la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB), le Lieutenant-Général Prime Niyongabo, à travers une note envoyée au Ministre de la Défense du Burundi et copiée au Chef de Cabinet Militaire du Président de la République, a demandé que le gouvernement du Burundi intervienne auprès de l’Union Africaine et plaide afin que cette diminution ne porte que sur le nombre initialement convenu, à savoir 341 militaires burundais, qui auraient dû être rapatriés à la fin du mois de février 2019.
« La FDNB, indique cette note adressée au Ministre de la Défense, a le regret de vous informer que les 1000 militaires seront réduits uniquement sur le continent burundais de l’AMISOM. Contrairement à la décision du Comité de coordination des opérations militaires en Somalie (MOCC). C’est dans cet esprit que la FDNB demande à l’autorité compétente de plaider auprès des instances habilitées pour revoir cette décision. »
Le Lieutenant-Général Prime Niyongabo faisait sans doute référence à une note verbale datée du 19 Décembre 2018 et envoyée par la Commission de l’Union Africaine au Bureau d’Appui des Nations Unies pour la Somalie (UNSOS). Dans cette note verbale, la Commission de l’UA rappelle, en effet, qu’au cours de « la 27ème réunion du MOCC pour l’AMISOM organisée le 30 Novembre 2018, il a été convenu de réduire le nombre du personnel militaire à la suite de la décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies 2431(2018). De ce fait, il a été décidé que les Forces de Défense Nationale du Burundi (FDNB) seraient réduites de 1.000 soldats au 28 Février 2019. »
L’inquiétude du commandement de l’armée burundaise est compréhensible parce que cette réduction de 1.000 soldats burundais entrainerait automatiquement une diminution conséquente du montant global que le Burundi percevait jusqu’à présent du fait de son implication dans l’AMISOM. Le manque à gagner serait estimé, grosso modo, à 323 USD environ prélevés sur la solde de chaque soldat, soit 323.000 USD, plus 500 USD pour la location de chaque armement individuel utilisé par chaque militaire, soit environ 500.000 USD. Enfin ce manque à gagner comprendrait également un montant difficile à estimer car représentant la location d’armements lourds comme les mitrailleuses, les mortiers et les lance-roquettes qui seraient rapatriés avec les 1.000 militaires du contingent burundais et dont la location, dans le cadre du « Country Own Equipment » est estimé à environ 1.500 USD la pièce. De façon réaliste, ce manque à gagner consécutif au rapatriement de 1.000 soldats est, selon une source au sein de la Commission de l’UA à un montant compris entre 2.000.000 et 2.500.000 dollars américains. Ce n’est pas rien.
Par ailleurs, une source bien informée au sein de l’Etat-major des armées à Bujumbura indique que le commandement a été très surpris voire très irrité par cette réduction annoncée de façon subite alors que le chiffre initialement convenu concernait le rapatriement de 341 militaires seulement. Après la prochaine et importante réduction du contingent du Burundi, il ne devrait rester que 4.922 militaires burundais en service au sein de l’AMISOM.
D’après la même source au sein de l’Union Africaine, la réduction drastique du contingent burundais serait irrévocable même si le gouvernement burundais le demandait avec insistance. Et ce pour plusieurs raisons. En effet, la Commission de l’Union Africaine et le commandement général de l’AMISOM ont des griefs sérieux et fondés contre le contingent burundais. De ce fait, la réduction des 1.000 soldats au lieu de 341 militaires, ressemblerait, selon cette même source au sein de l’UA, à une sanction décidée en raison de nombreuses fautes lourdes de conduite et de discipline reprochées au contingent burundais.
Que s’est-il passé ?
Jusqu’à présent, les militaires burundais étaient globalement appréciés pour leur discipline et leur efficacité au combat. Ils ont joué notamment un rôle crucial dans la libération de Mogadiscio. Cependant, depuis peu, il semble que le contingent burundais ait donné à l’UA des bâtons pour se faire battre. En effet, le commandement de l’AMISOM aurait découvert, comme l’indique une source au sein de l’UA, que le contingent burundais était en surnombre au sein du 1er secteur de Mogadishu placé sous la responsabilité du contingent ougandais.
Ces militaires burundais auraient été ramenés, incognito, du terrain, de l’intérieur du pays, sans l’accord préalable du commandement général de l’AMISOM. C’est ainsi que le centre de transit à Mogadishu qui ne devait contenir que 300 militaires burundais en compte en réalité 1.000. Le pot aux roses aurait été découvert même si le commandement du contingent burundais avait essayé de cacher ces militaires en surnombre à Mogadishu. Le contingent burundais, comme tous les autres contingents du reste, est évidemment sous surveillance étroite pour éviter des dérapages graves. Et « tout est connu de tout le monde » indique cette source au sein de l’Union Africaine.
En outre, depuis la tentative de vol des équipements Hesco-Barriers par des militaires burundais, un vol empêché par des militaires ougandais qui gardaient les entrepôts du matériel militaire à l’Etat-major de l’AMISOM, l’image du contingent burundais a considérablement été ternie. Depuis cet incident, en effet, le commandement général de l’AMISOM ferait tout pour pousser le contingent burundais en-dehors du secteur placé sous sa responsabilité car le Commandant en Chef des Forces de l’AMISOM est Ougandais. Et il semble que celui-ci ne porte guère le contingent burundais dans son cœur.
En réalité, le contingent ougandais souhaiterait rester seul responsable des secteurs urbains et pousser le contingent burundais vers « la brousse », vers des positions éloignées de la capitale et forcément plus dangereuses car plus exposées aux attaques de Al Shabab.
Pour une autre raison, le contingent burundais a le sentiment qu’il est décidément le mal aimé au sein de l’AMISOM. Car, même à Kismaayo, une ville somalienne située sur la côte de l’Océan indien et proche de la frontière kenyane, où 250 militaires burundais sont positionnés et sont chargés d’occuper le port international précisément, il semblerait que le contingent kenyan ferait tout, là aussi, pour pousser le contingent burundais en dehors de ce secteur. Le contingent kenyan souhaiterait occuper seul cette zone multinationale où plusieurs contingents étaient pourtant positionnés jusqu’à présent.
Tout se passe comme si les contingents d’Ouganda et du Kenya s’organisaient pour exercer leurs responsabilités respectives et exclusives sur des secteurs urbains où la sécurité est stabilisée et pour pousser le contingent burundais, véritablement orphelin, vers des zones de danger éloignées de la capitale Mogadishu. A croire, décidément, que le contingent burundais n’a personne pour plaider en sa faveur et défendre ses intérêts !
Last but not least, un réseau interne de proxénétisme aurait été découvert au sein du contingent burundais de l’AMISOM. Selon une source au sein de l’Etat- major des armées à Bujumbura, une dizaine de femmes militaires burundaises œuvrant au sein de l’Etat-major du contingent burundais, toutes issues de l’ancienne rébellion du CNDD-FDD, seraient impliquées dans une prostitution lucrative et seraient cornaquées par un maquereau, lui-même issu de cette même rébellion. Un Sous-officier, Chef de la Police Militaire au sein du contingent burundais de l’AMISOM, organiserait et superviserait ce commerce et toucherait des commissions qu’il partagerait avec des complices au sein de l’Etat-major du contingent burundais. Le présumé proxénète aurait été placé sur la liste des 1.000 militaires qui devraient être rapatriés à la fin du mois de février 2019. Cependant, grâce à la complicité supposée du Commandant en second du contingent burundais, le nom de ce présumé proxénète aurait été retiré de la liste définitive des militaires susceptibles d’être rapatriés.
Ce traitement de faveur est vécu comme un véritable scandale car il porte atteinte à l’honneur de tout le contingent burundais. En outre, le retrait du présumé proxénète de la liste des partants aurait provoqué une vive mésentente entre le Commandant du Contingent, son Adjoint et le Chef du Personnel. Ce dernier insiste pour maintenir le maintien du présumé proxénète sur la liste des militaires burundais qui seront rapatriés. Sinon, les militaires coupables de faits d’indiscipline notoires et qui figurent sur la liste des partants pourraient demander de bénéficier aussi de la même clémence de la part du Commandement du contingent burundais de l’AMISOM.
Pour aggraver le cas, des messages audios absolument abjects accablant les femmes militaires burundaises présumées impliquées dans ce proxénétisme, ont été enregistrées par des collègues masculins et ont été distribuées à travers les réseaux sociaux. Une source au sein de l’Etat-major des armées à Bujumbura affirme même que ces audios d’une vulgarité insupportable auraient été transmises jusqu’au Chef d’Etat-major des armées au Burundi lui-même.
Ces accusations de proxénétisme féminin, certes limité en termes de nombre de militaires présumées impliquées, révèlent une autre fracture existant entre les militaires issus de la rébellion du CNDD-FDD à qui des fautes même très lourdes seraient pardonnées et les autres militaires Ex-FAB ou Ex-FNL qui auraient le sentiment d’être traités de façon inéquitable. Un système de deux poids deux mesures au sein du contingent burundais de l’AMISOM donnerait le sentiment à ces derniers de ne pas être considérés et traités de façon équitable.
En effet, tout semble être permis à un groupe limité de militaires issus de l’ancienne rébellion du CNDD-FDD. Ceux-ci peuvent voler du carburant et des vivres ou tenter de voler des équipements Hesco-Barriers, ils ne sont jamais sanctionnés. Même la révélation des faits de proxénétisme interne pourrait ne pas être suivie de sanctions à l’encontre des présumés coupables, femmes et hommes impliqués dans ce commerce sexuel. Cependant, faut-il le souligner, ce favoritisme ne concerne qu’un groupe très limité de soldats issus de la rébellion du CNDD-FDD. La grande majorité des militaires du contingent burundais en Somalie fait honnêtement et courageusement son travail. Du reste, les militaires de ce contingent devraient être mieux payés et continuer à recevoir des formations pointues afin que l’armée burundaise figure, à terme, parmi les armées africaines les mieux préparées pour lutter, notamment, contre le terrorisme qui menace la stabilité de plusieurs pays d’Afrique.
Pour toutes ces raisons qui accusent et accablent le contingent burundais de l’AMISOM, il est peu probable que la note verbale de l’Union Africaine demandant la réduction du contingent burundais, comme de tous les autres contingents africains du reste, soit révisée. L’Union Africaine fait le pari que les contingents fournis par les pays africains pour combattre en Somalie seront réduits au fur et à mesure que les forces armées embryonnaires somaliennes seront formées et déployées sur le terrain afin de remplacer les contingents africains et assurer la défense de leur territoire. Cependant, rien n’est moins sûr que la réussite de ce pari.
Possibles complications ?
En effet, la réduction du contingent burundais décidée par l’Union Africaine et le rapatriement des 1.000 militaires provenant du 46ème Bataillon essentiellement, se heurte, selon une source au sein de l’Etat-major des armées au Burundi, à la difficulté de les remplacer rapidement dans les secteurs où ils étaient en position par d’autres troupes africaines aguerries. Des pourparlers, selon certaines sources auraient déjà été engagées au mois de novembre 2018 entre la Somalie, l’Ethiopie et l’Erythrée afin d’accueillir des militaires de ce dernier pays dans le contingent africain de l’AMISOM.
Une information diffusée par Martin Plaut News et datant du 30 Novembre 2018, indique, en effet « qu’il n’existe pas de preuves incontestables, mais des signes que la Somalie envisagerait de demander à l’Ethiopie et à l’Erythrée d’envoyer des troupes sur son territoire afin de remplacer des forces de l’Union Africaines de l’AMISOM qui doivent partir.
Si cette information était confirmée, poursuit Martin Plaut News, les pourparlers entre la Somalie, l’Ethiopie et l’Erythrée, dans la ville éthiopienne de Bahr Dar le 9 Novembre 2018, pourraient avoir été les plus importants organisés dans la région au cours de ces dernières années. Ces entretiens pourraient être suivis par une reconfiguration des relations politiques dans la Corne de l’Afrique.
Les trois leaders, conclue Martin Plaut News, le Premier Ministre Abiy Ahmed d’Ethiopie, le Président Mohamed Abdullahi Farmajo de Somalie et le Président Isaias Afwerki d’Erythrée n’étaient pas venus dans cette cité pour profiter du site touristique du Lac Tana et du Nil Bleu. A la fin de leurs pourparlers, ils ont signés un accord. »
Si le remplacement des troupes du contingent burundais n’était pas rapidement effectué, Al Shabab pourrait reprendre immédiatement les positions situées le long de la côte de l’Océan indien et actuellement tenues par des militaires du contingent burundais. Les récentes attaques dans un hôtel à Nairobi, dans un marché au sud de Mogadishu et l’assassinat du Directeur du port de Bossaso dans le Puntland, des crimes perpétrés et revendiqués par El Shabab, ont prouvé que cette milice, membre du réseau Al Qaeda, a toujours une capacité de nuisance intacte. Car elle peut même atteindre des cibles éloignées du territoire somalien. En Somalie même, le risque que Al Shabab s’empare des localités situées dans le secteur de Cadale et qui sont défendues par les militaires burundais devant être rapatriés à la fin du mois de février est élevé.
Dans ce secteur, les militaires burundais occupent des position situées loin de la capitale Mogadishu, respectivement à environ 170 km pour Raagacel, à 230 km pour Cadale et enfin à 250 km pour Xaajicali. La Somalie ne serait pas d’accord du tout pour que le contingent burundais quitte ces positions. Le 15 Février 2019, une réunion est prévue au siège de l’Union Africaine à Addis Abeba. Elle a pour objectif de débattre de la question épineuse des militaires burundais qui ont ordre de quitter ces trois positions afin d’être rapatriés à la fin de ce mois.
Enfin, faut-il le souligner, les 1.000 soldats du contingent burundais désignés pour rentrer à la fin de février 2019 sont évidemment très mécontents de rentrer au pays parce que leur rapatriement constitue une perte considérable de revenus pour eux et leurs familles.
Le Burundi perd également une source précieuse de devises du fait du rapatriement de ces militaires et de leurs équipements. D’aucuns estiment qu’à terme, privé des ressources de l’AMISOM, le Burundi aurait énormément de difficultés pour s’approvisionner en devises. Le rapatriement de tout le contingent burundais de l’AMISOM pourrait avoir un impact considérable sur la trésorerie du pays en devises.
Tout le monde n’est pas perdant…
Cependant, même s’il est clair que l’armée et le pays perdront des millions de dollars à la suite du rapatriement des 1.000 soldats du contingent burundais, Pierre Nkurunziza restera le grand gagnant dans la curée organisée pour récupérer le magot de l’AMISOM. En effet, il continuera à engranger sa part incompressible de l’argent provenant du magot de l’AMISOM car, profitant du système de location à l’Union Africaine du matériel militaire lourd, il continuera de louer à l’Union Africaine deux vieux chars qui ne fonctionnent quasiment plus. Ces deux chars constituent un cadeau personnel du président du Soudan, M. Béchir, à Pierre Nkurunziza. Ils seraient loués 6.000 dollars par mois chacun et un montant de 12.000 dollars serait versé directement sur le compte bancaire personnel de Pierre Nkurunziza, affirme une source bien informée au sein de l’Etat-major des armées à Bujumbura.
D’évidence, avec Pierre Nkurunziza, c’est le grand amour entre un chef d’Etat africain déjà inculpé pour des crimes de génocide perpétrés au Darfour, qui a réussi à échapper aux poursuites de la Cour Pénale Internationale jusqu’à présent et est fortement contesté dans son propre pays. Outre ces deux chars que Pierre Nkurunziza exploite comme des vaches à lait personnelles à l’instar de celles qu’il reçoit par dizaines au cour de multiples cérémonies mystico-religieuses, la suite de l’investigation permettra de mieux comprendre le fameux système de location du matériel militaire par le Burundi à l’Union Africaine et qui permet à ce pays de gagner des sommes considérables gérées dans la plus grande opacité par le régime de Bujumbura et en dehors de tout contrôle parlementaire.